A l’aéroport de Lubumbashi, le temps de débarquer de l’avion, récupérer mon sac à dos, je constate que cet aéroport, en chantier, ne ressemble plus vraiment à celui où je suis venue il y a 9 ans (parce qu’il y a 9 ans, j’étais à Lubumbashi pour 3-4 jours) : pas encore moderne, mais il ressemble moins à un aéroport de brousse comme je l’appelais en 2005. Je passe au guichet de l’immigration, tout se fait rapidement, et je peux sortir attendre le chauffeur qui doit me conduire à Likasi, à 120 kilomètres de Lubumbashi. Il me dit qu’il n’est pas loin, et arrive quelques minutes plus tard. Il s’appelle Caps, est assez sympathique. J’apprends plus tard qu’il a longtemps vécu à Kinshasa, que sa famille y vit aussi d’ailleurs. Nous nous arrêtons à une station-service pour prendre du carburant et à une bifurcation, nous prenons Neuilly. Elle est journaliste, et elle doit m’accompagner à Likasi pour un reportage sur une formation militaire qui a lieu à Mura, à quelques kilomètres de la ville. Neuilly et moi sommes amies sur Facebook et nous ne nous sommes jamais vues avant. C’est donc avec plaisir que nous nous rencontrons et bavardons comme si nous nous connaissions depuis toujours. Le voyage en voiture doit durer 2 heures à peu près, et nous discutons tout le temps que dure le trajet : la vie à Lubumbashi, le climat, les différences avec Kinshasa, bref tous les sujets sont abordés.
Sur la route de Likasi…
La route est asphaltée et nous roulons vite. Il fait chaud…Nous atteignons une zone où il pleut, nous remontons les vitres pour ne pas nous faire éclabousser étant donné que de gros camions et des bus passent aussi sur cette route. Nous avançons. La pluie a cessé, ou plutôt ici il ne pleut pas, comme le montre l’asphalte bien sèche et le soleil qui brille. Je baisse ma vitre, et aperçois des maisons en brique rouge, un petit village. Des femmes vendent d’énormes poissons, des anguilles me dit-on.Nous roulons à nouveau, atteignons une station de péage, la station de Buluo, ce nom évoque quelque chose, une célèbre prison. Nous dépassons le péage, et sur la gauche, un bâtiment jaune, de loin. La prison de de Buluo justement, me dit Caps. Cette prison, une prison de haute sécurité, je la trouve abandonnée de l’extérieur : des herbes hautes, une peinture défraichie, je n’imagine pas comment est l’intérieur.
Nous roulons à vive allure, il va être 16h30 et Caps nous dit que nous sommes presque arrivés. Nous avons roulé un peu plus d’une heure. J’appelle mon collègue Michel, qui m’explique où se trouve l’hôtel où nous serons logées. Nous entrons dans la ville. Likasi est une jolie petite ville, à première vue. Elle est propre, et calme. Après tout ce que j’ai vu ailleurs, on ne se croirait pas au Congo. Mais c’est aussi cela la richesse de ce pays, tant de différences, de contrastes, des surprises à chaque voyage…
Je me délecte du peu que je peux voir jusqu’à l’arrivée à l’hôtel. Nous sommes accueillies par le major Kany, que j’ai pu rencontrer à plusieurs reprises. La cinquantaine, il est sympathique, rieur, et très ouvert. Une dame nous souhaite la bienvenue (Karibu !), et le major nous aide à décharger nos sacs, et ma chambre étant située à l’étage, nous descendons prendre un verre en attendant de diner. Je meurs de faim, et je remonte vite me changer. Nous nous rendons dans un petit restaurant, là encore j’ai droit au ”Karibu ! ” de bienvenue qui me fait tant plaisir. Nous avons choisi de manger local, et l’on nous sert beaucoup de poisson, le fameux kapolowe, un petit poisson du nom de la rivière où il est pêché, et les ”bitoyo”, le poisson salé du Katanga. Il a un goût différent de la morue salée que l’on mange à Kinshasa et dans d’autres provinces. Je me demande de quel poisson il provient. Le tilapia ? Je n’ai pas eu ma réponse pendant ce séjour, la prochaine fois, peut-être… Le tout est servi avec des légumes et du ”fufu” de maïs. Un délice.
Le repas fini, c’est l’heure de rentrer à l’hôtel, nous prenons un dernier verre, sans Neuilly, visiblement épuisée par le trajet par route. Je ne tarde pas et monte me coucher quelques minutes plus tard. Le lendemain, nous devons partir à 7heures. Ma montre est encore à l’heure de Kinshasa, et retarde donc d’une heure, mon horloge interne aussi, puisque je m’endors vers 23h, moi qui dors assez tôt d’habitude. J’avance donc l’heure, et programme mon réveil à 6 heures. Je suis debout bien avant, me douche rapidement, m’habille, puis arrange mon sac en prévision du départ en début d’après-midi. La clé de ma chambre s’est cassée la veille, je ne peux donc pas y garder mes affaires quand je serai partie. J’emporte tout, paie ma note et rejoins les autres pour le petit déjeuner.Comme hier, nous mangeons en plaisantant, Michel, le boute-en-train de service, amuse tout le monde avec ses blagues et histoires drôles en tout genre.
