Rencontres

Mon ami

Ceux qui me connaissent le savent: je suis une hypersensible. Mes émotions s’expriment comme elles viennent, et parfois elles me submergent. C’est le cas depuis le départ de Francis. Je ne sais pas par où commencer pour parler d’une de mes plus belles histoires d’amitié, et peut-être la plus belle. Je crois que notre rencontre remonte à 2004. Travaillant tous les deux dans les médias, moi encore à mes débuts de journaliste radio et lui déjà star de la télé mais qui ne se la racontait pas, nous avons sympathisé au premier contact sur fond de rires et de blagues à la volée. Nos humours répondaient l’un à l’autre et nous avons gardé le contact.
Un jour, invité par mes collègues, il est venu présenter des émissions à la radio où je travaillais, tout de suite séduit par la magie de la radio, qui vous laisse vous lâcher et créer un personnage autour de votre voix. C’est peut-être là qu’il a pris goût à ces podcasts qu’il a lancés des années après en Belgique.

Pour revenir à cette période, j’étais toute jeune, bien plus jeune que lui, ce qui n’a pas empêché Francis de me prendre au sérieux et de me considérer comme une professionnelle. Il me demandait ce que je pensais de ses émissions, je lui répondais que son personnage m’agaçait, et cette sincérité a marqué notre amitié dés ses débuts. Nous nous disions les choses comme nous les pensions, tout simplement. C’était aussi les disputes fréquentes mais sans hostilité: fort caractère tous les deux, nous savions nous parler sans fioritures, ce qui pouvait provoquer des étincelles, ponctuées cependant de beaucoup de bienveillance. Sa joie de vivre et son rire étaient magnétiques, nous passions des heures à parler. Et contrairement à beaucoup d’aînés qui aiment appeler les plus jeunes “petit.e”, il n’y avait aucune condescendance dans son attitude. A un moment, je n’ai plus eu de nouvelles. Plus de messages ni d’appels, c’est comme s’il s’était évaporé dans la nature. Son numéro ne passait plus, à n’y rien comprendre. J’étais déçue, et j’ai fini par me dire qu’il était occupé ailleurs ou qu’il avait décidé de ne plus me parler pour des raisons que lui seul connaissait. Tout ça était bien stupide quand j’y repense, mais quand on est jeune on ne réfléchit pas bien droit.

Ce qui se passait, c’est que Francis était gravement malade. Il a repris le contact des mois plus tard pour s’excuser et me le dire, et ma déception en était encore plus forte. Je me disais mais cette amitié, c’est pour le rire et pas pour le pire? Je l’en ai blâmé, il s’est excusé encore et encore et m’a annoncé qu’il partait en Europe pour mieux s’occuper de sa santé.

Entretemps, j’avais appris par ma mère que Francis était le fils d’un de ses grands amis, belle coïncidence qui nous a accompagnés au fil des années. Bien que parti nous ne nous sommes jamais perdus de vue. Son mariage, la paternité, j’apprenais par lui les grandes étapes de sa vie, lui de même en ce qui me concernait. Et il me disait ” nos enfants doivent continuer le cycle, il faudra qu’on les présente”. J’en riais et je disais “pourquoi pas”. Dans nos conversations, nous parlions de nos parents, de la vie, de sa santé pas toujours au beau fixe mais sans jamais se plaindre, de nos vies professionnelles et de plein de choses stupides propres aux amis. Les larmes aux yeux, je relis aujourd’hui nos conversations avec une émotion immense.

(Partie 2 ici)


One Comment

  • VeeQueen

    Mes condoléances Larissa.
    Que tous les bons moments et fous rire que vous avez eu ensemble te réconfortent.
    Je t’embrasse bien fort!

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *