Je n’oublie pas (Partie 2)
Partie 1 ici
Le lendemain matin, je suis réveillée par des cris. Il est 6 heures. Une autre femme enceinte est arrivée. Elle hurle de douleur. Je la regarde, un peu perdue. Les deux infirmières présentes lui disent qu’elle m’a réveillée avec ses cris, ça ne semble pas être son souci.
L’infirmière qui était avec moi la nuit nous dit à toutes les deux “je vais partir, mais avant on va prier ensemble pour que tout se passe au mieux”. Elle est si gentille. Elle me dit de continuer à être si calme, et que les cris de ma voisine ne doivent pas me troubler. Je souris, pas très rassurée, mais je reste allongée. Ma voisine a recommencé ses cris, les infirmières l’auscultent, puis on lui donne un calmant, et elle s’endort, moi aussi du coup.
Je me réveille, il est presque midi, mon ventre tiraille un peu, en fait il se contractait depuis la veille mais c’était tellement léger et furtif que je ne le réalisais pas. Je dis à une infirmière que mon ventre tiraille, elle s’approche, palpe mon ventre et dit “ce sont des petites contractions, ça va s’intensifier plus tard”. Après avoir fait le monitoring cardiaque du bébé comme hier soir, elle se tourne vers la voisine, qui est en train de devenir folle. Elle a enlevé sa blouse d’hospitalisation et rampe par terre, nue. Je regarde, en me demandant si je serai dans le même état plus tard….Elle prend son téléphone, appelle sa mère, lui dit qu’elle va mourir, sa mère essaie de la calmer, sans succès. Elle appelle son mari lui reprochant “d’être absent pendant qu’elle souffre”. Il essaie de la rassurer, mais elle crie toujours et l’infirmière lui prend doucement le téléphone des mains, expliquant à son mari que tout va bien, que les douleurs la rendent juste un peu nerveuse.
Un monsieur entre dans la salle. Il est 15 heures. Il est grand, très calme. Il regarde la dame qui crie, puis moi. Il lui dit “vous êtes en train de vous épuiser, vous ne pourrez pas pousser”. Elle: “faites une césarienne s’il le faut, je ne vais pas pousser, ça fait trop mal”. Il secoue la tête, soupire et lui dit “Okay, mais cessez de faire peur à votre voisine”. Le monsieur est un “sage-femme homme”, demande qu’on la mette dans une autre chambre pour qu’elle ne me traumatise pas. Pendant qu’on la déplace, il vient vers moi, vérifie mon dossier, puis me pose quelques questions, puis après m’avoir auscultée, il dit “Tout va bien se passer”. Il sort. Une infirmière arrive. Elle m’examine, son expression de visage se fige. Elle dit “Je reviens”. Je lui demande “Il y a un problème?” Elle dit juste “Je reviens avec le médecin de service. On essaie de joindre votre gynécologue depuis ce matin, sans succès.” Ma mine s’assombrit.
L’infirmière revient 5 minutes plus tard avec un monsieur, la cinquantaine, le gynécologue de service, qui m’explique qu’il va faire une échographie pour voir si l’enfant va bien. Je le laisse faire, il explique à l’infirmière “S’il y avait souffrance fœtale, il n’y aurait pas ce rythme cardiaque régulier et notre petit bonhomme ne serait pas si calme, la main sur la tête .” C’est cette main sur la tête qui a alerté l’infirmière, vu qu’elle l’a sentie. Le médecin la félicite pour sa vigilance, et me rassure que tout va bien. Il me dit qu’on va laisser les choses se passer naturellement, mais que d’ici ce soir on devra peut-être provoquer l’accouchement.
Entretemps maman est revenue ce matin, elle est venue deux fois me voir et m’encourager. J’ai aussi écrit à un collègue pour lui dire que je suis à l’hôpital et ne serai donc pas là.
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