Chronique d’une atteinte de COVID (partie 4 et fin)
Les articles précédents sont disponibles sur cette page
Jour 15 : 1er janvier. Je me réveille à 6 heures. Mon corps s’est habitué à se lever à cette heure, quand je réveille Johann pour qu’il se prépare pour l’école. Je reste allongée, puis j’entends Johann m’appeler. Il est juste venu prendre un habit de rechange pour revenir plus tard dans la journée. Il me souhaite une bonne année, et me demande si je vais bien. Je lui réponds que oui, et il promet de revenir vite. Mais il ne revient que vers 16 heures. Entretemps, affamée, j’ai mangé une salade à base de pâtes faite par ma sœur, et lave les quelques assiettes dans l’évier, puis me suis endormie contre mon nounours. Il a le don de m’apaiser. Pour dire, je me suis endormie à 7h pour me réveiller à presque midi. J’en suis étonnée. J’ai raté quelques appels, surement des personnes qui veulent présenter leurs vœux. Je rappellerai plus tard. En attendant, je réponds à quelques messages, et ne voyant pas le temps passer, il est 13 heures quand je quitte le lit pour prendre mes médicaments.
Je prends un repas 1h après, et du yaourt vu que le repas, de la viande essentiellement, a pesé sur mon estomac. Je me repose ensuite, prends de l’eau, puis je commence un autre film. Au bout d’1h (j’ai du mal à finir les films d’une traite), je fais une infusion de clou de girofle avec du miel. Elle m’aide à mieux digérer, et je m’allonge pour faire une sieste, mais Johann est revenu entretemps et là, difficile de dormir vu qu’il a des choses à raconter. Il raconte son réveillon et sa journée, je l’écoute amusée. Puis il s’empare de mon téléphone pour jouer. Moi j’en profite pour écrire. Il est 19h30. C’est fou comme les journées passent vite. Je réalise que je n’ai pas vraiment pu avancer sur mes lectures, ni travailler un peu comme je le voulais. Pour le travail, ca peut attendre, mais j’ai tellement de livres en attente…
Jour 16 : Aujourd’hui c’est jour de test covid à l’école de mon fils avant la rentrée. Je suis allée avec lui voir comment les choses s’organisent, et c’est plein de monde. Nous faisons demi-tour. Je ne sais pas si je redevenue négative donc je préfère éviter les endroits plein de monde. Avant ça, il y a eu des discussions dans un groupe Whatsapp des parents d’élèves et plusieurs ont résolu de ne pas laisser leurs enfants faire ce test, vu qu’il a une validité de 14 jours. On se demande s’il faudra refaire le test toutes les deux semaines, ce qui est un budget supplémentaire, et on fait remarquer que c’est éprouvant pour les enfants d’avoir à se soumettre à ce test. Pour plusieurs parents, l’école doit s’organiser pour qu’il y ait moins d’enfants dans les classes pour limiter les risques, et alterner les cours à distance à ceux en présentiel.
Bref, la rentrée est encore hypothétique. En rentrant, nous allons faire quelques courses puis retour à la maison. Plus tard, je dois voir quelques amis en comité restreint. Nous y allons avec Johann. L’ambiance est belle mais nous sommes prudents, masqués. Cette période est vraiment bizarre quand je repense à ça. Nous avons passé un moment agréable, et vers 20 heures nous nous séparons, en perspective du couvre-feu de 21 heures. La route est dégagée donc nous arrivons à la maison bien longtemps avant 21 heures, autour de 20h30, je pense. Je prends une infusion aux clous de girofle, prends mes médicaments puis vais me coucher. Johann dort dès notre arrivée. Mon inconfort à l’estomac ne me quitte pas, je m’endors quand même.
Jour 17 : Le matin je me sens mieux, mais je dors plus longtemps et reste paresser jusque vers midi. Je profite de mes derniers moments de calme avant l’éventuelle reprise des activités. Je me suis promise de lever le pied après cet épisode, et comme je travaille de la maison ce sera plus simple. Je vais prendre ma douche, puis après m’être habillée je prends mon petit-déjeuner : salade, biscottes (que je n’arrive pas à entamer), une pomme et du thé. Je prends mes médicaments ensuite. Plus que 2 comprimés de chloroquine. Je suis soulagée. Demain matin ce sera fini. Je continuerai avec les vitamines et le zinc des jours supplémentaires.
Jour 18 : Aujourd’hui est le jour 14 de mon diagnostic et du début de ma quarantaine. Je me sens mieux, et beaucoup moins fatiguée. Ma cure de chloroquine est finie ce matin. Je suis soulagée. J’appelle le médecin, qui affiche sa satisfaction face au fait que j’ai suivi toutes ses recommandations. Il me dit d’aller me faire tester au plus tôt pour être sure que tout va bien. J’ai encore quelques maux d’estomac, mais je me dis que ca prendra quelques jours pour passer.
Je me sens en forme, moins fatiguée que ces derniers temps. C’est férié donc je prends mon ordinateur pour me remémorer les principales tâches que j’aurai le lendemain à la reprise, puis je réponds quand même à un ou deux mails et mets l’ordinateur de côté. Demain, reprend le rythme des appels Skype, Teams et autres. J’avoue que c’est moins stressant que d’avoir à aller au bureau, et je suis plutôt contente d’être dans ce type de contrat pour le moment.
Jour 19 : Mardi, je vais au salon de coiffure. Ca va faire un mois que je n’ai pas pris soin de mes locks. Nous sommes avec Johann, qui a aussi adopté les locks depuis un temps. La coiffeuse s’occupe d’abord de lui, puis 1h après c’est mon tour. Lavage, séchage, reprise de racines, au total 3h au salon. Je n’ai pas retiré mon masque tout ce temps. En rentrant, j’achète de l’eau et quelques produits de nettoyage pour la maison. Retour à la maison, je mange, prends une tisane, passe un moment au salon puis vais me coucher.
Jour 20 : Nous sommes mercredi. Aujourd’hui, je dois aller à la banque après un réveil à 9h. C’est aussi l’heure du début du travail. J’allume mon ordinateur, lis des mails, travaille sur quelques documents, et vais me préparer pour aller à la banque. J’ai une conférence téléphonique plus tard dans la journée. En attendant, même à la banque, je suis sur mon ordinateur pour avancer sur certaines choses. Je passe au moins 1h sur place, mon opération ne prend pas de temps, donc en moins de 5 minutes je suis partie. Quelques courses rapidement puis retour à la maison, toujours flanquée de mon masque. Retour à la maison. Je devais aller refaire mon test covid pour voir si le traitement et le repos ont porté leurs fruits, mais ce sera pour demain, m’a-t-on dit. Cette nuit-là, j’ai du mal à dormir. Je ne m’endors que vers 6 heures le lendemain, et entretemps je ne dors que 30 ou 45 minutes en tout. Je réalise plus tard que j’étais peut-être stressée dans l’attente de mon test. J’ai fini deux films, écouté des méditations bibliques, prié, rien n’y a fait. Le matin, quand j’arrive à dormir, de fatigue surement, il faut se lever. Je me lève avec toute la peine du monde et vais prendre un bain et me préparer. Je prends un paquet de biscuits que je mange avant de sortir, ça me fera office de petit déjeuner, avec une bouteille d’eau pour faire passer. J’arrive à l’INRB, on me fait attendre quelques minutes, puis je remplis un formulaire, que je remets à la personne qui doit me faire le prélèvement. Petite attente, puis prélèvement dans les narines et la gorge. C’est toujours aussi désagréable, ça chatouille légèrement, mais c’est toujours mieux qu’une piqure. J’ai toujours quelques larmes qui coulent, mais c’est juste un réflexe du corps. Puis je pars. Je me sens plutôt légère. A la maison, je m’endors peu après être arrivée. J’ai brièvement travaillé sur mon ordinateur mais la fatigue m’a emportée. Je dors au moins 2h, puis je me force à me lever pour manger et travailler encore. A 17h, je reçois un appel qui me confirme ce que je sentais : mon test est négatif, cette saleté a quitté mon corps. Je suis soulagée, je respire enfin.
Je continue de travailler, le cœur plus léger maintenant. La boucle est bouclée. Nous sommes au jour 21 depuis que tout a commencé, et ce cauchemar va enfin être derrière moi.
J’aurais appris quelques leçons de ce break obligé : quand on ne sait pas lever le pied, la nature nous forcera à le faire d’une façon ou d’une autre. J’ai bien compris la leçon et je me repose de plus en plus depuis cet épisode. J’ai aussi appris à me discipliner encore plus : c’est quand on se croit avec des personnes de confiance qu’on peut se faire contaminer. J’ai eu de la chance, mais tout le monde ne peut pas en dire autant. J’ai aussi appris à passer plus de temps seule, et savourer ma propre compagnie. Plus petite je le faisais souvent mais avec les années, les circonstances ont fait que je suis rarement seule. J’ai peur d’y avoir pris goût. Enfin, même dans la pire des solitudes, il y a des gens qui sont là pour nous accompagner et faire qu’on se sente moins seule. Il y a bien sur les copines, mais il y a eu FK, à qui je décerne une mention spéciale. Ami attentionné bien que loin, motivateur dans les moments les moins faciles, conseiller et oreille attentive, amoureux inquiet, j’ai eu la chance de l’avoir avec moi pendant ces deux semaines, les plus longues de ma vie. J’ai dit merci des dizaines de fois, mais une fois de plus ne serait pas de trop…