Kisangani, la Guerre de 6 Jours (Partie II)
Alesh raconte: “Sans savoir pourquoi, Nous (population) avions plus développé une petite «sympathie» pour l’armée Ougandaise que pour l’armée Rwandaise (probablement puisque nous avions vraiment marre de l’asservissement par le Rwanda: ils étaient les boss les plus intouchables de la ville depuis le 23 Août 1998).
Nous sommes au quartier Plateau Boyoma, l’une des lignes de fronts les plus infernales de la Ville. Cette fin de journée a un goût plutôt amer…
L’armée Ougandaise avait le contrôle de la plus grande partie de la ville depuis le lundi et le mardi jusqu’à environ 14 heures.
Elle s’est pourtant butée à un challenge déterminant: Ses militaires avait des sérieuses lacunes de maîtrise de la géographie de la ville.
Les Rwandais, connaissant tous les recoins, raccourcis de la ville (mieux que plusieurs congolais) ont trouvé la formule magique… un vrai cheval de Troie… Distraire les Ougandais par des tirs de Kalachnikovs et des Machine-guns sur la grande route (où avait lieu le plus gros affrontements: route menant vers la maison Daniel Comboni), alors qu’ils trouaient, dans les avenues, les clôtures des résidences pour surprendre de l’arrière.
Vers 16:00, ils surprirent les ougandais qui avaient leur base devant notre maison, c’étaient une vraie boucherie! Ils les massacrèrent tous! Une pluie de balles comme jamais entendue… Pendant ce temps dans la maison, tous à plat-ventre avec une hypertension artérielle de malade! Personne ne parlait! Même pas le moindre mot! Après près d’une bonne heure d’affrontements nourris, c’était le silence de mort… c’était fini… non… pas la guerre… mais le règne ougandais sur cet emplacement stratégique de la ligne de front.
Les Rwandais avaient pris possession du terrain (devant notre maison). La vraie guerre pouvait commencer… et nous étions vraiment mal barrés… au cœur de la ligne de front. Devant la maison, la limite Rwandaise (ils avaient placé 14 mortiers dans notre parcelle) et derrière notre maison, dans la parcelle de la Famille Likunde, la limite de l’armée Ougandaise…”