Ma Vie de Kinoise

Jour d’élection: 28 novembre 2011

Je m’en rappelle comme si c’était hier. Ce 28 novembre 2011,c’est un lundi, il est 9 heures. C’est jour de vote, personne ne travaille. Maman est sortie voter tot ce matin. Elle nous encourage à y aller aussi ma soeur et moi, alors que nous trainons encore à la maison. Après nous être préparées, nous nous rendons dans une école du quartier à quelques avenues de là. L’école a été transformée en bureau de vote pour l’occasion, comme lors de l’enrolement. Nous sommes munies de nos cartes d’électeur. Arrivée à l’école. Les salles de classe sont départagées par ordre alphabétique. Il y a du monde, beaucoup de monde…

Nous nous dirigeons vers celle avec la lettre D. Les listes sont affichées sur la porte. Après avoir fait la file, nous constatons qu’il y a bien des Diakanua… mais ce n’est pas nous…A coté, plusieurs personnes sont dans le même cas, elles nous disent qu’on leur a demandé d’attendre. Attendre quoi? La file est longue, difficile de trouver quelqu’un auprès de qui avoir la bonne information…Après quelques minutes d’attente, nous retournons chez nous, déçues et un peu énervées.

La journée passe…Nos voisins, heureux d’avoir voté, viennent dans l’après-midi s’enquérir de la situation chez nous. Maman leur explique que nous n’avons pas pu voter ma sœur et moi car nos noms n’étaient pas sur les listes. Ils nous expliquent que certains d’entre eux ont eu le même problème et les chefs de bureau de vote ont reçu comme instruction au cours de la journée d’ajouter les manquants qui ont leurs cartes d’électeurs sur une liste des « omis » pour leur permettre de voter. Il nous faudra donc retourner au bureau de vote. Trainant les pieds parce que nous nous demandons depuis ce matin pour qui voter, nous finissions par nous résoudre à y retourner. Après tout, ce n’est pas loin…


Vers 15 heures, retour au bureau de vote . Il y a moins de monde que ce matin, nous nous dirigeons vers la salle où nous devons voter,

Un attroupement devant une école transformée en centre d’enrolement des électeurs, Kinshasa 2017

l’attente est très courte, nous pouvons entrer et expliquer notre problème. Le monsieur- surement le responsable du bureau de vote-prend nos cartes et note nos noms dans un cahier qui fait office de relevé des omis apparemment. Il nous indique les différentes étapes à suivre, il faut d’abord prendre son bulletin de vote pour élire le président, cocher dans l’isoloir et placer le bulletin dans l’urne. Puis c’est le tour de l’immense bulletin des candidats députés. On croirait un magazine. Heureusement que j’ai en tête le numéro d’un candidat. Même exercice, j’ai fini, je me dirige vers la sortie…

Voilà, c’est fait, me dis-je. Cependant, j’ai le cœur serré en rentrant à la maison avec ma sœur, comme un sentiment que nos votes n’auront servi à rien, parce qu’omis. Ce cahier, qu’en est-il advenu ? Avons-nous été comptés parmi les votants ? J’en doute fort, et encore plus lorsque dans la soirée j’entends des histoires d’urnes bourrées, de bulletin de votes brulés.
Je suis triste. Nous n’avons pas eu nos élections démocratiques et transparentes. Pas encore. Les infos se sont trompées. 5 ans après, en 2016, j’attendais d’autres élections, c’est pire, il n’y en a pas eu, carrément. 5 ans après, c’est comme si on avait fait un pas…20 ans en arrière…Dieu nous garde…

 

 

3 Comments

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *