Ma Vie de Kinoise

Kinshasa, c’est aussi ça…(L’hommage à Papa Wemba d’une kinoise lambda) partie 2

(1ère partie ici 
Nous nous mettons au bout de la longue file d’attente, doutant de pouvoir atteindre la salle où le cercueil est placé. Mais ça avance, peu à peu. Le hic, c’est qu’il y a des petits malins qui s’amusent à « court-circuiter » la file, venant se faufiler à chaque minute d’inattention, rendant l’attente un peu plus longue. Je décide de jouer la trouble-fête et chaque fois que cela arrive devant moi, je renvoie le « fraudeur » au bout de la file. Certains partent, amusés, se trouver d’autres « victimes », d’autres rouspètent, me disant que je devrais avoir honte de traiter un « frère » de la sorte. Je souris, leur disant que mon frère ne me ferait pas une chose pareille. Fin de la discussion…Jusqu’au prochain. 


Nous montons une allée en ciment, et c’est la bousculade pendant un moment, mais les garçons veillent sur moi.  Des policiers, mettent fin à la bousculade à coups de matraque dans le vide ou sur le sol.  La file avance, des protraits immenses de Papa Wemba surplombent le batiment. Plus qu’une centaine de mètres. L’émotion m’envahit. Je continue de discuter avec les autres, mais mes pensées sont déjà ailleurs. 

Nous arrivons dans la grande salle,  où repose un grand cercueil blanc fermé surplombé d’un énorme chapeau rouge. Je m’incline, puis passe lentement. Je ne verse pas de larmes, rien n’a changé.  Nous ressortons, faisons quelques photos, puis essayons de nous frayer un passage pour ressortir. Il est minuit. En tout, il nous a fallu près d‘une heure pour y arriver.  J’ai toujours le cœur gros, mais je me dis que si je n’étais pas arrivée à cet endroit, je m’en serai voulu toute ma vie. En même temps, le même sentiment m’étreint : Papa Wemba n’est pas mort.

Nous sommes dans la cour du palais du peuple.A nouveau, c’est l’ambiance de Kinshasa : un monde fou, à en oublier que nous sommes en pleine semaine et qu’il est minuit, de la musique à en crever les tympans (toujours les fameux concerts), de la boisson vendue partout, des tables et des chaises installées un peu partout pour ceux qui veulent boire et profiter de la musique, des « malewa », ces restaurants de rue que l’on voit partout à Kinshasa, bref un petit monde s’est installé ici. Demain après-midi, tout cela sera fini et la vie reprendra son cours…


L’extérieur du palais du peuple, un mardi en pleine nuit 

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