Si mes voyages avaient un symbole, ce serait mon sac à dos. Partout où je vais ,je l’emporte avec moi. Il me sert de sac de voyage, et parfois de sac à main. Je vais devoir le remplir encore pour quelques jours…Ca faisait un moment que je n’avais pas pris l’avion, presqu’un an à vrai dire…Depuis plusieurs semaines, je prépare ce voyage, dont la destination me fait rêver et peur en même temps. Je ne connais pas le pays, mais depuis les attentats qui l’ont secoué (1998, 2013 et cette année encore), les craintes sont présentes dans les esprits des voyageurs. Et pour cause. Barack Obama, le président américain, visite le Kenya. Parce que c’est au Kenya que je vais. La crainte que tout le monde a et que personne n’ose émettre est que son séjour soit l’occasion d’un attentat. J’ai postulé comme volontaire pour participer à l’équipe organisatrice et ma candidature a été retenue. Depuis des semaines, je remplis des formulaires et encore des formulaires. Aujourd’hui, tout cela est derrière et il va falloir partir. Le chauffeur est passé me chercher vers 11 heures, nous nous dirigeons vers le centre-ville pour prendre deux autres passagers, Félix, le mari de ma patronne, qui sera avec moi au Kenya, et un autre monsieur qui va voir sa famille au Cameroun. Comme à chacun de mes voyages, mon fils Johann descend et m’accompagne jusqu’à la voiture. Il a dormi tard la nuit dernière me voyant faire mes valises. J’ai compris qu’il me surveillait, pensant que je partirais cette nuit même. J’ai souri, et l’ai laissé m’aider à tout ranger du mieux qu’il a pu. Eh oui, je fais mes valises la veille au soir. C’est ce que je fais en général pour ne pas avoir à déballer au cas où je changerais d’avis sur ce que je veux emporter. Faire ma valise en dernière minute m’aide aussi à ne prendre que le strict nécessaire. Je pars pour un peu plus d’une semaine, mais j’avoue que j’ai pris plus de vêtements qu’il n’en faut. Mais oui, imaginez que mes caprices de femme me fassent refuser de mettre tel ou tel vêtement, j’aurai ainsi plus de choix.
Derniers bisous, nous nous dirigeons vers le premier stop. Le monsieur que nous prenons habite un immeuble dans une concession assez grande. Il est mince, le teint foncé, les cheveux assez épais coupés en carré et ne parle presque pas après avoir dit bonjour. Prochain stop, nous prenons Félix. Je descends saluer ma patronne et discuter le temps que son mari charge ses valises. Leur fils ainé, Julian, boude parce que son père s’en va. Il lui promet de ne pas le laisser trop longtemps et nous partons. Il est 11heures 30, prochaine destination, l’aéroport. En chemin, nous rions et discutons, Félix a plein d’anecdotes à raconter et le chemin est moins long à l’écouter parler.
N’djili…
Nous arrivons à l’aéroport et un monsieur nous accueille et nous demande nos passeports. Il est du service du protocole. J’avoue que je n’aime pas trop ça vu que j’ai toujours tout fait toute seule et dans le calme en plus. Il s’occupe de payer les différentes taxes et nous accompagne jusqu’au check-in de Kenya Airways. Check-in fait, il faut passer par le guichet des migrations, mais avant cela c’est le service hygiène qui me demande ma carte de vaccination. Je la tends au monsieur, qui tourne les pages, et décrète qu’il manque un cachet sur mon vaccin et que je dois payer 10 dollars pour ça. Je lui demande à quoi servira ce cachet, il m’explique « c’est pour les autres vaccinations ». Je lui demande donc s’il compte me vacciner et contre quoi, il perd immédiatement son calme et me dit « suivez les instructions et arrêtez de discuter. Vous ne savez pas qu’il y a des maladies comme Ebola ? ». Je souris et lui rappelle qu’il n’y a officiellement pas de vaccin contre Ebola, à moins qu’il en ait inventé un. Il soupire, me tend mon carnet de vaccination et me prévient que puisque j’ai refusé le cachet, j’aurais des problèmes dans le pays où je me rends. Je souris encore, et lui dis que je le préviendrai si cela arrive. Son regard noir m’indique que j’ai touché juste. A la DGM (Direction Générale des Migrations), les guichets sont à présents dotés de caméra pour photographier les voyageurs. Ce sont des webcams malheureusement et pas très sophistiquées. Je dois donc me tordre de mille et une façons avant que la dame ne réussisse à prendre une photo. Elle y réussit finalement, me rend mon passeport et m’indique la porte de la salle d’attente. J’y vais, et passe par la fouille réglementaire avant de pouvoir aller m’asseoir. Je m’approvisionne en crédit, puis me dirige vers un petit restaurant pour grignoter quelque chose vu que je n’ai pas eu de petit-déjeuner. Je prends un petit sandwich, un coca, et m’installe à une table pour être un peu tranquille. Je discute avec des amis sur Whatsapp, et peu après il est temps d’embarquer. Je rentre dans la salle d’attente, et, ô surprise, elle est pleine à craquer de monde. Je ne comprends pas, perdue, j’avance vers la foule. Et là, on appelle un vol local. Je comprends que les vols locaux et internationaux sont tous dans la même salle de départ. D’où la foule.
Peu à peu, la salle se vide vu que les voyageurs locaux sont partis les premiers. SAA et Kenya Airways partent presqu’en même temps donc nous prenons les navettes après la dernière fouille. Je réalise que je n’ai pas été fouillée vu le monde et je me dis que le désordre a toujours ses conséquences. Nous embarquons, et je retrouve Félix et l’autre monsieur puisque nous sommes tous les trois assis ensembles. Je me mets au milieu et lui dans l’allée. J’aurais aimé être contre le hublot mais notre compagnon de voyage a réquisitionné cette place. Je suis fatiguée et prévoit de dormir pendant le voyage, mais c’est sans compter la verve de Félix. Il n’arrête pas de parler de tout le voyage et mes seuls moments de répit sont ceux où il regarde un des films programmés dans l’avion. J‘en profite pour écouter de la musique et travailler un peu sur mon ordinateur. Les 3 heures de vol passent bien vite et j’avance ma montre de deux heures pour me mettre à l’heure de notre destination. Il est donc 20 heures quand nous arrivons à Nairobi. Nous traversons un couloir et dès notre entrée une dame est là pour nous accueillir. Elle prend nos passeports, nous indique le chemin et nous demande de l’attendre. Elle revient quelques minutes plus tard, et nous allons récupérer nos bagages. Direction la sortie, le parking est bondé. Un chauffeur est venu nous chercher et il nous faut une dizaine de minutes avant de pouvoir sortir du parking.