Voyages et Découvertes

Voyage à Moanda

25 Septembre, Kinshasa. 


Il est 7h45. Un chauffeur est passé me prendre un peu en retard, mais l’aéroport n’est pas très loin, nous y serons en moins de 20 minutes.
J’embrasse Johann, mon fils, le serre dans mes bras et lui dit qu’on se verra très bientôt. Il semble ne pas comprendre et s’en va, tout joyeux,  à l’école. Il aime quand sa petite tante ou sa maman l’accompagnent, et ce matin, comme je ne pourrai pas, c’est ma petite sœur qui part avec lui.
8h10. Nous y sommes. L’aéroport de N’dolo. La voiture s’est garée devant un hangar peint en orange, celui de la compagnie d’aviation qui me mènera jusqu’à ma destination, Moanda dans le Bas-Congo. Ca faisait longtemps que je ne m’étais pas rendue dans cette province voisine de Kinshasa. 7 ans me dira-t-on plus tard. Dieu que le temps passe.
Arrivée, je remercie le chauffeur, descends et salue deux dames et un monsieur assis sous le hangar. Le monsieur me demande mon billet et les deux dames vérifient mon identité. L’une d’entre elles, vérification faite, me dit ensuite : ”N’oublie pas d’acheter à boire à tes mamans.” Je souris intérieurement, car ce genre de pratique ne manque jamais dans les aéroports à Kinshasa. Je fouille mes poches et lui laisse quelques francs. J’explique au monsieur qui tient mon billet qu’un collègue doit passer me donner un colis que je dois amener avec moi. Il me donne une chaise et me dit que l’enregistrement de mes bagages devra donc attendre. Mon collègue arrive 30 minutes plus tard e me tend un paquet, que je fais immédiatement peser et emballer. Je n’ai emporté avec moi que mon sac à dos vu que je ne suis partie que deux jours, et mon appareil photo en plus de mon sac à main. Le tout est très vite enregistré, il est presque 9 heures et je passe par quelques formalités, taxe d’embarquement, migrations, et avant d’arriver dans la salle d’attente, une dame nous fait signe à mon collègue qui m’a accompagnée et à moi-même d’approcher. Elle dit être du service d’hygiène, comme l’indique une feuille collée au guichet où elle se trouve. Elle me demande ma carte de vaccination. Je lui signale que cette carte ne nous est demandée que pour les voyages internationaux et elle m’apprend que désormais il faudra l’avoir partout. Et elle conclut, en lingala: ”Je te laisserai partir mais tu dois penser à moi”. Ces termes signifient en général qu’elle désire un petit pourboire. Moi qui en général ai horreur de ce genre d’attitudes, lui tend quelques billets. Je suis bien complaisante ce matin, me dis-je à moi-même. Je mets ça sur le compte des comprimés contre la malaria qui m’affaiblissent un peu en ce moment, peut-être…
Avant de m’installer dans la salle d’attente, je réalise que j’ai dans mon sac à main du gel pour cheveux et de la crème à main. Quand les contrôleurs fouillent mon sac, je leur explique que ces tubes sont bien fermés et qu’il n’y a pas de risque que cela coule, rien n’y fait. Une dame au visage fermé me dit que j’aurais dû faire attention. Un monsieur souriant lui dit ensuite de me laisser passer, et me rend mes tubes. Devant mon air surpris, il explique ”Diakanua (mon nom de famille) est un nom de chez moi, nous sommes surement parents.” J’esquisse un sourire un peu crispé (c’est que je déteste être privilégiée à cause de ma province d’origine ou pour toute autre raison partisane), le remercie et il ajoute ”N’oubliez pas de me ramener du poisson frais de Moanda”. Je hoche la tête, sachant bien qu’il y a très peu de chances pour que nous nous revoyions au retour.

En route vers Muanda


Moins de 10 minutes après, l’on nous fait signe qu’il est temps d’embarquer. Nous marchons quelques mètres et montons à bord d’un petit avion de 20 places, orange et très bruyant.
L’hôtesse, comme pressée, nous demande d’attacher nos ceintures et nous donne de rapides instructions de vol. J’appelle maman pour lui dire que nous décollons, éteins mon téléphone et mets mes écouteurs. Je mets de la musique pour couvrir le bruit du moteur et bercée, je m’assoupis…C’est l’hôtesse qui me réveillera lors de son passage pour distribuer des rafraichissements. Je prends un coca, y touche à peine et me rendors. Ca me rappelle ce que dit souvent ma petite sœur, j’ai une facilité déconcertante à m’endormir et je ne m’en plains pas. Lorsque je me réveille, l’avion secoue un peu plus. A la place des nuages, je vois des bateaux, et le fleuve. Je comprends que la descente vers Matadi a commencé. La piste est en terre jaune, et assez courte. Celle de N’dolo, bien qu’asphaltée, était cahoteuse, et courte aussi. Quelques passagers descendent. A nouveau, le vacarme du moteur, nouveau décollage. Prochain arrêt : Boma. Nous y sommes en une vingtaine de minutes, le temps d’admirer la verdure à travers le hublot. Là encore, 2 ou 3 passagers descendent et nous ne sommes plus que 5 ou 6. Une passagère monte. Tailleurs gris, talons hauts, elle va surement en rendez-vous d’affaires. Devant moi, une religieuse et à gauche, dans l’autre rangée, un jeune homme, la vingtaine commençante surement. La nouvelle arrivante s’est installée au fond à gauche. Derrière moi, un monsieur très calme, je ne fais qu’apercevoir son visage de manière furtive. Une trentaine de minutes plus tard, la descente sur Moanda est amorcée. J’aperçois des taches qui forment comme des mosaïques sur le sol. Avant que je n’aie pu comprendre ce que c’est, l’appareil s’élance sur la piste, asphaltée, mais très courte aussi.
Nous sommes à Moanda. Nous débarquons et l’on nous fait signe de nous diriger vers un hangar où des agents des migrations nous accueillent. Après avoir vérifié nos pièces d’identité et autres documents, ils nous souhaitent un bon séjour… Je suis à Moanda, me dis-je à mi-voix. C’est la première fois…
.

Une route en sable à Moanda Une route en sable à Moanda

One Comment

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *