Ma Vie de Kinoise

Quand John Kerry visite Kinshasa

Avril 2014, la nouvelle tombe: le big boss, John Kerry lui-même arrive à Kinshasa. Je dis big boss parce que je travaille dans l’équipe presse de l’ambassade américaine à Kinshasa, et nous dépendons donc directement du Département d’Etat. C’est l’effervescence…Tous les efforts sont désormais concentrés sur cette  visite. Les mails pleuvent, il est assigné un rôle à chacun, puis commencent les “countdown meetings”, (littéralement,réunions de compte à rebours). Ces réunions ont lieu chaque semaine, si mes souvenirs sont bons, les  4 semaines qui précèdent la visite. A chaque réunion, une équipe venue de Washington explique à chacun son rôle, le déroulement des évènements, en expliquant que les choses sont susceptibles de changer à tout moment…

Deux semaines avant, la tension est palpable: une autre équipe est arrivée entre-temps, bouleversant complètement ce qui a été convenu auparavant. Heureusement, on nous avait prévenus…Ça n’empêche pas que beaucoup sont stressés. Mon chef, Mike, essaie de prendre sur lui pour me rassurer. Je lui dis que tout ira bien et que je vais m’adapter…

La semaine de la visite, l’atmosphère est à couper au couteau…On connaît depuis quelques jours les dates exactes, le “S” comme on le surnomme en jargon du Département d’Etat, arrive samedi 3 mai. Il passera une journée et demie à Kinshasa, et son agenda est dévoilé heure après heure, sauf la partie rencontre avec le président. On sait qu’il le rencontrera samedi matin, mais on ne sait pas quand. Mais on reste cool…Nous sommes à l’aéroport avec une équipe de journalistes à son arrivée. Il me faut faire des photos, mais aussi aider mon collègue à contenir la presse. L’avion privé du Département d’Etat atterrit sur la piste. Je vois Mike inspirer puis expirer un bon coup. Les choses sérieuses commencent. Le big boss descend de l’avion, et avant de descendre il lance un salut à la volée. On comprend que c’est pour le show, pour de belles photos. Il est venu avec une équipe de journalistes et un photographe, descendus de l’avion avant lui pour prendre des photos. Je prends moi aussi des photos. “S” descend, il est accueilli par le ministre des affaires étrangères de l’époque Raymond Tshibanda et une petite équipe de son ministère, et aussi une équipe de l’ambassade. Ils discutent quelques instants, je prends des photos. Avec l’aide de l’équipe de la sécurité, les choses se déroulent bien. Petite réunion dans le salon officiel d’arrivée de l’aéroport, nous prenons encore des photos avant la réunion, puis il faut courir monter dans le van dans lequel nous sommes arrivés. C’est tout un cortège dans lequel nous sommes venus et qui accompagnera le Secrétaire d’Etat. Nous attendons un moment, puis direction le centre-ville, pour visiter un projet tenu par Patricia Nzolantima, ancienne boursière du Département d’Etat. La visite dure une quinzaine ou une vingtaine de minutes, puis nous allons au Kempinsky hôtel.C’est là que toute l’équipe venue de Washington doit dormir (tout un étage a été réquisitionné et des bureaux temporaires créés pour faciliter le travail).

A l’entrée de l’hôtel, tout le monde se fait renifler par le chien de la sécurité.Il est impressionnant, ce berger allemand, mais parfaitement dressé. Il faut déposer nos sacs, qu’il renifle, à la recherche d’explosifs, et si tout va bien, on peut entrer.

C’est l’heure de la conférence de presse, dans une des salles de l’hôtel. Je circule dans la pièce pour prendre la meilleure photo, puis je m’assieds au sol, à l’avant, avec un autre photographe, pour prendre des portraits de John Kerry  et ne pas empêcher les autres de voir. Les journalistes sont un peu déçus de ne pas pouvoir poser plus de questions mais il est temps de partir.

Nous allons à la présidence… Rien que d’y penser, je suis un peu nerveuse parce que…et bien c’est la présidence…Toujours devant, je prends quelques photos avant d’être introduite avec les autres photographes dans une pièce, un bureau apparemment. Je vois des personnes assises, et je réalise, que le président est juste devant moi….Je souris, en me demandant intérieurement comment j’ai pu ne pas le voir dès mon entrée. Il n’a pas l’air content, ce qui ne nous empêche pas de faire notre travail…Moi je teste l’appareil photo sur lui quelques secondes, et John Kerry fait son entrée, les deux hommes discutent un moment, se serrent la main, sourient, sous les flashes des photos. Puis nous sommes congédiés, l’entretien se fera bien sur à huis clos.

A l’extérieur, je prends quelques photos de l’endroit, surtout le portrait géant du président au milieu de l’escalier qui mène au couloir vers son bureau. Les journalistes américains veulent visiter le mausolée. Nous y allons, en attendant la fin de l’entretien. Je prends encore quelques photos, mais pour moi tout ça n’est pas vraiment neuf, je suis déjà venue visiter le mausolée…Il y a longtemps, certes, mais rien n’a changé…

A la Présidence
Petit échange et séance photo avant l’entretien à huis clos

 

 

 

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