Femmes et Contrastes – Mwana Molokaï

Ce que j’aime dans ma ville, Kinshasa, ce sont ses multiples contradictions. Tenez, il y a quelques jours, j’avais rendez-vous au Secrétariat Général d’un Ministère pour un entretien. Je me présente à la réception, où est installée une jeune femme, en fin de trentaine probablement. Plutôt jolie, elle a l’air épuisée, et pas très contente d’être là. Elle me répond à peine, et moi, pleine d’entrain, je lui explique la raison de ma présence, elle me dit « Asseyez-vous là », m’indiquant un banc dans la petite salle pas climatisée. Je m’installe, et je sens qu’elle me détaille de la tête aux pieds. Pour faire le contrepoids de sa mauvaise humeur, je lui souris, il en résulte comme un regain de mauvaise humeur chez elle. Elle tourne la tête, se remet au travail. Je suis habituée à ce genre d’attitude de la part des femmes, donc je prends cela avec beaucoup de philosophie. En attendant mon rendez-vous, je pianote sur mon téléphone pour passer le temps…

Les contrastes de la vie me font penser à cette image

Aujourd’hui par contre, je suis au centre-ville, pour une rencontre avec des jeunes femmes, une rencontre nappy*. C’est une rencontre assez frivole en apparence, mais très importante pour nous, femmes aux cheveux naturels. Nous sommes presque vues comme des marginales ici, où cheveux défrisés et extensions en toutes sortes sont la norme. Nous sommes de plus en plus nombreuses à adopter ce style naturel pour contourner les méfaits des produits défrisants sur la santé, et ce samedi est plutôt une première pour moi comme pour beaucoup de « sœurs nappy » comme nous aimons nous appeler. L’invitation a été lancée sur les réseaux sociaux, et par le bouche à oreille, et nous espérons avoir un maximum de personnes.

La rencontre commence autour de 11h 30, elle est amicale, dans une ambiance « bon enfant », à partager des expériences, des astuces beauté, tout cela pendant plus de 4 heures. A la fin, la petite salle qui peut contenir une cinquantaine de personnes, est pleine. C’est donc 4 heures de pur bonheur, comme dans une grande famille. Sans se crêper le chignon. Au contraire.Tout cela me met du baume au cœur, je réalise que les contrastes font la beauté de la vie…