Ma vie au naturel (la suite)
Toujours début 2015, je décide une fois de plus de couper mes cheveux. Pas pour avoir une coupe garçonne, mais parce que j’ai utilisé du « texturizer » sur mes cheveux, le texturizer étant un produit chimique j’ai fait comme un pas en arrière. Sur un coup de tête, je décide de lockser mes cheveux. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, et surtout je cherche quelque chose de simple, qui ne me demandera pas trop de travail.
J’arrive donc au salon de coiffure, celui qui s’occupe de moi est un jeune homme, Jerry, très sympathique. Il m’explique que les locks ne se font pas en un jour et qu’il faudra plusieurs séances pour que ça tienne. Je prends donc un « abonnement » de plusieurs semaines, et je reviens deux à trois fois par semaine pour les rafraichir. A chaque fois que je rentre du salon de coiffure, maman me demande ce que je compte faire « après ». Je la regarde d’un air surpris, sans trop comprendre. Un samedi, un mois après, je vais me faire une coloration, mes cheveux poussent déjà et je finis par comprendre la question incessante de ma mère, comme un déclic. Pour elle, ce que j’ai sur la tête est une préparation pour une autre coiffure (un tissage, peut-être). Je lui explique que ce sont des locks, et que désormais je serai comme ça. Elle secoue la tête, et me dit qu’on me confondra aux « voyous ». Je souris sans trop discuter, les stéréotypes ont la peau dure… Quelques mois plus tard, en juillet, je suis à Nairobi, au Kenya. Je m’y sens chez moi, beaucoup de femmes ici ont les cheveux naturels et c’est très bien accepté. Je prends même rendez-vous avec le coiffeur de mon hôtel pour rafraichir mes locks. Très sympathique, il me demande depuis combien de temps je les ai (il en a de très longues lui-même) et m’assure que quand elles auront 1 an, j’aimerai encore plus mes locks. Je souris, tout d’un coup pressée d’arriver à un an. J’achète quelques produits dont un spray pour garder les locks hydratées dans un supermarché quelques jours plus tard, et je commence à nager dans le bonheur.
Retour à Kinshasa, quelques mois plus tard je rejoins un forum de nappies (des congolaises en grande majorité) réunies sur Whatsapp, dans un groupe appelé SUKITOKO (contraction de « suki », cheveu en lingala et de « kitoko », beau, joli en lingala). Les membres du groupe partagent des astuces de soins pour leurs cheveux naturels et de soins de beauté en général, s’encouragent et surtout se rencontrent de temps en temps pour partager des expériences.
Au-delà de tout ça, il s’est installé une véritable « sororité » entre les membres : on se soutient dans les moments difficiles, fait parfois du sport ensemble, se rencontre pour partager des expériences professionnelles, bref beaucoup plus que le simple fait d’avoir des cheveux naturels, ce sont des femmes actives qui veulent s’épauler pour des lendemains meilleurs.
Depuis que j’ai rencontré ces femmes formidables, mes cheveux à moi ont pris beaucoup de longueur avec les conseils et les produits de mes « sœurs », ils sont plus doux au toucher, et je suis engagée dans cette belle aventure pour aider d’autres femmes à s’accepter au naturel.
One Comment
tshitok
C’est comme un gang de femmes puissantes et libres, cette communauté.
Comme si libérer nos cheveux du diktat du défrisage nous a rendu plus libre dans la tête …