Voyage à Moanda (4)
Vers 14 heures et demie, j’appelle Réel, encore en train de manger, direction : la plage. Nous y sommes en 5 minutes, et je sens déjà l’air frais de l’océan qui me caresse le visage. Une des particularités de Moanda, c’est que le fleuve Congo et l’océan Atlantique s’y croisent. Pour atteindre la plage, il faut descendre de longues marches, que je descends en courant presque. Réel me suit, et de bonne grâce, me prend en photo à ma demande pendant que je scrute l’horizon et hume l’air frais à pleins poumons. Il me rend ensuite l’appareil photo et s’éloigne, pendant que j’avance dans l’eau et laisse aussi les vagues me toucher, bien que l’eau soit glacée. J’aimerais que ce moment dure une éternité…Mais il est interrompu par la sonnerie de mon téléphone. Les journalistes sont là. J’appelle Réel, lui fais signe qu’il faut partir. Je lui explique que nous devons aller chercher des journalistes à l’arrêt de bus. C’est là que je réalise qu’il va falloir monter les marches en pierre jusqu’à l’endroit où la voiture est garée. Ça semble un calvaire sans fin que de remonter toutes ces marches, et je n’imagine pas ce que Réel lui ressent, je souris à le voir complètement essoufflé pendant que j’ai repris mon souffle en quelques secondes.
Il prend quelques minutes pour reprendre son souffle, démarre et nous arrivons à l’arrêt en moins de 10 minutes. Le temps de les localiser, d’embarquer les quelques bagages, nous retournons à l’auberge. Ils déposent leurs affaires, petit briefing, dans une heure ou deux il faudra que je les accompagne au QG pour une interview. Nous y allons, tout se passe bien et ils semblent très désireux de voir la plage eux aussi, et je les y conduits volontiers. Le soleil s’est couché, l’eau est tiède, nous prenons encore quelques photos, et je remarque que Réel est resté près de la voiture. Il ne veut pas refaire la montée de tout à l’heure si vite, me dis-je. La nuit tombe, et il n’y a plus rien à voir, nous retournons à l’auberge prendre un verre et discuter un peu de la journée de demain. Luc-Roger, que nous attendions depuis 13 heures, est finalement arrivé à 20 heures, il nous rejoint, visiblement épuisé. Il ne restera pas longtemps avec nous et va se coucher, après que je lui ai expliqué que nous quitterons l’auberge le lendemain à 8 heures.
Vers 23 heures,
Chacun regagne sa chambre, moi je prends mon dernier cachet antipaludéen avant de me coucher. L’air de Moanda me fait beaucoup de bien, la fatigue m’a quittée. Je mets de la musique comme je le fais toujours avant de dormir et je tombe dans un demi-sommeil. Vers 1 heure du matin, je me réveille, éteins les lumières et me rendors. Bizarrement, je me lève à 6 heures, fraiche et reposée. Je reste allongée et remets de la musique pour bien démarrer la journée. Je sors dans le salon, et réalise que les autres sont levés et déjà prêts. Je rentre prendre ma douche, et lorsque je ressors ils sont attablés en train de prendre le petit déjeuner. Je les rejoints, déjeune légèrement et peu avant 8 heures, nous rejoignons les militaires. Nous nous dirigeons en convoi vers la base militaire de Kitona. Nous roulons 5 minutes sur la route asphaltée, puis c’est le sable, mais heureusement les 4×4 passent sans difficultés. Nous atteignons un carrefour avec une sorte de rond-point. Une statue de militaire saluant nous indique que nous atteignons un site militaire. Plus loin, un char, puis une allée d’arbres apparait. Cette allée a un air féerique. Je la prends en photo.
A la base, nous devons assister à une remise de certificats. A l’intérieur, de la végétation à l’état sauvage, des herbes folles, un immense décor négligé. Les bâtiments eux, sont peints en rose saumon et donnent un petit air neuf à l’ensemble. Le soleil commence à peine à se montrer, et lorsque nous arrivons sur l’esplanade, des militaires font des réglages de son avant le début. Pourtant, la sonorisation ne fonctionnera presque pas pendant cette cérémonie. D’abord à cause des appareils, pas très au point, et ensuite faute de courant.
La cérémonie commence. Après l’hymne national, quelques discours, puis la remise des certificats aux militaires formés (ils sont plus de 200, alors quelques échantillons sont remis symboliquement). Puis vient la parade. Par groupe, les militaires de nos forces armées défilent fièrement. Quelques personnes rassemblées là les applaudissent. Des femmes de l’armée défilent ensuite, avec des femmes de la police. Ce sont elles qui clôturent la cérémonie. Il est 10 heures et demie et il faut partir. Retour à l’auberge, puis je vais dire aurevoir aux militaires, raccompagne les journalistes, et me dirige vers l’aéroport après avoir pris mes bagages. Je me dis que j’aurais bien aimé prendre la route, pour voir plus de choses, mais le temps me fait défaut. IL est presque 12 heures, et nous arrivons à l’aéroport.
Les aurevoirs
Réel me dit aurevoir avec son habituel sourire. Je lui laisse un pourboire, et le remercie chaleureusement. Je me dirige vers le hangar où j’étais il y a deux jours à mon arrivée. Après les formalités (ici, personne n’a demandé de « coca »), je m’assieds pour attendre mon vol. J’en profite pour mettre de l’ordre dans mes notes et prendre un peu d’air. Peu après 13 heures, un monsieur nous fait signe d’embarquer. Nous ne sommes qu’une dizaine à bord de l’avion. Beaucoup de femmes et 2-3 hommes.
J’attache ma ceinture, écoute l’hôtesse nous dire que nous ferons escale à Matadi et je mets mes écouteurs. Encore un peu de musique.
J’ai eu le temps de penser à scruter le sol au décollage, pour apercevoir les fameuses mosaïques sur le sol. En fait, c’est le sol labouré qui donne cette impression. Je souris, et regarde la ville s’éloigner à mesure que nous montons. Je me suis encore assoupie, c’est lorsque l’avion secoue avant d’atterrir à Matadi que je me réveille. Je vois les bateaux, le fleuve, le port…Matadi. Presque tous les passagers descendent et nous ne sommes plus que 2. Etrange. Nous redécollons, je regarde les nuages en attendant d’arriver dans une heure. L’hôtesse nous sert à boire. J’ai un peu abusé de l’air frais de Moanda et une angine me tourmente depuis ce matin, je laisse le coca se réchauffer et le bois une trentaine de minutes après. Le temps passe vite et les mouvements du petit avion désormais familiers signalent que nous amorçons la descente. Je vois la verdure, les toitures rouillées, le fleuve, la terre…Kinshasa.