Carnet de voyage…Kikwit,Bandundu
On quitte le centreville de Kinshasa, il est 11h30 et nous savons déjà que le voyage va être long (“6 heures au moins”, nous a-t-on dit). Nous sommes 8 passagers et 2 chauffeurs au total, curieux de savoir ce que nous réserve ce périple à 600 kilomètres de la capitale.
A partir de N’sele (Kinshasa), la vie se fait rare, à peine quelques habitations, des champs, et de la verdure à perte de vue…C’est tout ce que nous verrons pendant des heures…Jusqu’à Masimanimba, dans la province voisine du Bandundu, province où nous nous rendons justement. Notre destination:Kikwit. Aucun de nous ne sait grand-chose de cette ville, et c’est vers l’inconnu que nous nous dirigeons…J’ai été à Bandunduville avant cela, en 2010, et j’en ai gardé un assez bon souvenir. Espérons que ce sera le cas pour Kikwit…
Partout,le paysage est presque le même:
Un pont sur une rivière, quelques cases, de la végétation, des chèvres et/ou des vaches, des poules, des canards, parfois aussi des champs, mais c’est difficile de se rappeler que Kinshasa n’est pas loin… La nuit tombe et nous roulons toujours. Pour éviter la nervosité de revoir les mêmes choses (et cette impression lancinante de tourner en rond), certains d’entre nous s’assoupissent. Il fait noir, seuls les puissants phares de notre véhicule nous montrent le chemin. Les lignes à haute tension que nous avons vu traverser le paysage éclairent d’autres parties du pays, sauf celles qu’elles traversent. C’est donc une nuit noire qui règne ici…C’est sur cette route sombre et déserte que nous roulons désormais. Notre seule consolation, c’est que la route est complètement asphaltée…
7 heures sont passées, un peu d’eau, quelques biscuits ont permis d’oublier la faim, mais seul importe d’atteindre enfin Kikwit, et c’est autour de 19 heures 30 que le chauffeur nous annonce que nous faisons notre entrée dans Kikwit… Quelques lumières luisent çà et là, et nous entendons des bruits de générateurs un peu partout (n’y a-t-il donc pas d’électricité?)
Notre hôtel, l’hôtel Kwilu est, nous a-t-on dit, le meilleur de la ville, on se demande bien pourquoi lorsque l’on nous présente nos chambres (la porte de la mienne s’ouvre avec peine, et le lendemain, je ne pourrai plus y avoir accès, la serrure est esquintée):c’est une étrange odeur qui nous accueille, comme une odeur de naphtaline qui empêche de respirer. La moquette, on sent bien qu’elle a été laissée à son triste sort depuis longtemps. Je ne demande même pas si la climatisation fonctionne. L’eau ne coule bien évidemment pas du robinet, deux seaux et un plus grand récipient nous montrent que nous ne pourrons qu’y puiser pour nos bains. Pour ce qui est de se brosser les dents ou boire de l’eau, j’ai heureusement pensé à apporter des bouteilles d’eau minérale. Les étrangers de la délégation trouvent tout cela bien distrayant et rustique, mais nous les congolais, cela ne nous fait pas rire. Nous sommes en colère, parce que nous nous sentons comme des étrangers dans notre propre pays. Autour de 22 heures, après avoir pris un verre avec les autres en bas de l’hôtel et mangé un morceau à une “kermesse” un peu plus loin (la nourriture, du poisson et des bananes plantains frits, est un délice, heureusement) , retour à l’hôtel, c’est ivre de fatigue que je m’endors, oubliant cette odeur qui me mettais mal à l’aise il y a quelques heures… Samedi, 2 jours après, il est 7 heures et c’est le retour, notre voyage s’est bien passé, bien que Kikwit ne m’ait pas laissé une impression durable.
Tout est à faire dans cette « ville ». Nous appréhendons le chemin du retour. Les nerfs à vif, je m’endors 30 minutes après que nous soyons sortis de Kikwit, lorsque je me réveille, je vois les fameux paysages qui m’ont fait tant de peine à l’aller. Cette fois-ci, je prends des photos, et je m’endors encore. Quand je me réveille à nouveau, il est 13 heures et nous entrons presque dans Kinshasa. Nous sommes tous soulagés
(Alain,Frida,Travis,Connor,Jackie,Susan,Alex et moi-même…les chauffeurs doivent l’être plus que nous sans aucun doute) Je ne pense qu’à une chose: et ceux qui roulent sur des routes en sable, comment font-ils?